L’émergence de l’approche dite participative au Sahel, à la fin des années 1970, découle du constat des limites des stratégies de développement local adoptées au cours des deux premières décennies ayant suivi les indépendances des pays de l’Afrique de l’Ouest francophone. Ces stratégies étaient bâties autour de la conception selon laquelle, c’est l’Etat qui, à partir d’un modèle préconçu, doit définir les orientations et décider des actions les plus appropriées de même que la manière dont ces actions devraient être menées. Une telle approche, centralisée et verticale, ne laissait aucune place à une participation des populations aux processus de prise de décisions. Au contraire, l’Etat s’est positionné comme étant en mesure de définir lui-même les besoins des populations et de décider des actions nécessaires pour les satisfaire. Une telle conception avait naturellement contribué à modeler la mentalité et les attitudes des populations et des techniciens chargés de mettre en place les politiques de développement. D’une part les techniciens ont longtemps agi en fonction d’un modèle conventionnel de transfert de technologie dans lequel, ils se posent en pourvoyeurs de connaissances aux populations (Scoones in Guèye; 1999). D’autre part, les populations, à force de voir leur cadre de référence et leurs savoirs et savoir-faire étouffés, ont fini par adopter quelquefois une attitude d’auto-dévalorisation qui s’est traduite par ce qu’il était convenu d’appeler « une mentalité d’assistés ». Celle-ci consistait essentiellement à se tourner de plus en plus vers l’extérieur pour la résolution des problèmes locaux.